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Équations du second degré à coefficients réels

Les mathématiciens se sont depuis longtemps intéressés aux équations du second degré, c’est-à-dire dont le terme de plus haut degré contient x2 (en utilisant les notations modernes usuelles). Ainsi, les premiers textes connus y faisant référence datent de deux mille années avant notre ère, du temps des Babyloniens. C’est ensuite Al-Khwarizmi, au IXe siècle, qui établit les formules permettant la résolution systématique de ces équations (on pourra se référer aux liens donnés en fin de billet pour l’aspect historique).

La résolution « moderne » des équations du second degré s’appuie sur la forme canonique des trinômes du second degré. Ainsi, si l’on considère l’équation x2 + 2x – 3 = 0 , le trinôme x2 + 2x – 3 « ressemble » à un début d’identité remarquable. En effet, on peut écrire :

x2 + 2x – 3
= x2 + 2x + 1 – 1 – 3
= x2 + 2x + 1 – 4
= (x+1)2 – 4, en reconnaissant une identité remarquable du premier type :
= (x+1)2 – 22 qui est la forme canonique
= (x + 1 + 2)(x + 1 – 2), en reconnaissant cette fois une identité remarquable du troisième type : a2 – b2 = (a+b)(a-b)
= (x + 3)(x – 1)

Et arrivé ici, nous avons gagné :-). En effet, en reportant le trinôme factorisé dans notre équation initiale, on obtient (x + 3)(x – 1) = 0.

Or on sait qu’un produit de termes est nul si et seulement l’un au moins des termes est nul (ceci traduit le fait que zéro, en plus de désigner accessoirement quelqu’un que l’on ne tient pas en haute considération, est l’élément absorbant de la multiplication). On aboutit donc au système :

soit encore

Les deux solutions sont donc -3 et 1 (Youpi !)

On peut conforter notre résultat en traçant la représentation graphique de la fonction f(x) = x2 + 2x – 3. On peut ainsi voir que la courbe obtenue (une parabole) coupe l’axe des abscisses en deux points qui semblent avoir pour abscisse x = -3 et x = 1 (il ne s’agit bien évidemment pas d’une preuve mais plus d’un moyen de nous rassurer dans notre raisonnement, qui lui est parfaitement rigoureux).

En continuant à raisonner sur les courbes, on peut considérer celle ci-contre. On voit ici que la parabole ne franchit jamais l’axe des abscisses. Donc, a priori, l’équation correspondante ne devrait pas avoir de solutions. En effet, l’équation est ici x2 + 2x + 3 = 0. En réitérant la méthode précédente, on obtient :
x2 + 2x + 3
= x2 + 2x +1 – 1 + 3
= (x+1)2 + 2

Il n’est plus possible de factoriser plus avant puisque nous ne retrouvons plus d’identité remarquable ! En fait, nous nous retrouvons face à deux termes positifs : (x+1)2 qui est un carré (et donc positif) et 2 qui est strictement positif. La somme de ces deux termes est toujours strictement positive et donc ne s’annule jamais. Pas de solution !

Il nous reste à couvrir un dernier cas : celui où la parabole « affleure »  l’axe des abscisses (le coupe en un seul point). Il correspond à l’équation x2-+2x+1 = 0 dont le membre de gauche est directement une identité remarquable ; elle se transforme donc en (x+1)2 = 0 et la solution est x = -1 (on parle parfois de « solution double »).

Nous sommes maintenant parés pour aborder le problème des équations du second degré dans sa forme la plus générale, c’est-à-dire en partant du trinôme ax2 + bx + c, en considérant a non nul (pour bien avoir affaire à une expression de degré deux). Nous allons procéder comme précédemment, c’est-à-dire en cherchant à mettre en évidence une identité remarquable, et pour cela, on commence par mettre a en facteur :

Pour pouvoir continuer, il faut supposer que b2 -4ac ⩾ 0. Dans ce cas en effet, l’identité remarquable du troisième type qui est mise en évidence nous conduit à :

Il faut donc considérer le cas a > 0 conduisant à √a2 = a et celui où a < 0 donnant √a2 = -a . On voit aisément que les deux cas aboutissent au même résultat :

L’équation est alors et les solutions sont :

Ces solutions sont valables sous l’hypothèse que nous avions faite, à savoir b2 – 4ac ⩾ 0 . Dans le cas particulier b2 – 4ac = 0, les solutions se simplifient en :

c’est-à-dire une seule : c’est le cas où la parabole coupait l’axe des abscisses en un seul point.

Nous sommes presque au bout de nos peines : il nous reste à considérer le cas b2 – 4ac < 0. Comme on peut le pressentir, il n’y a alors pas de solution. En effet, dans , le terme est alors strictement positif, ne laissant aucune possibilité de mettre en évidence une identité remarquable.

En résumé, et en notant ∆ = b2 – 4ac (on appelle ∆ le discriminant, car il permet de « discriminer »  les différents résultats possibles) :

Si ∆ > 0, l’équation admet deux solutions qui sont :

Si ∆ = 0, une solution double existe :

Et si ∆ < 0, il n’y a pas de solution réelle (nous ne couvrirons pas ici le cas des solutions imaginaires).

On retrouve bien les trois cas que nous avions mis en évidence dans nos exemples au début de ce billet.

Nous avons donc retrouvé les solutions d’Al-Khwarizmi avec une méthode un peu plus rapide (car plus condensée) que la sienne (voir à ce sujet l’article de Wikipedia). Mais il faut aussi dire à sa décharge que nous arrivons avec douze siècles de retard !

Références (pour la partie historique) :
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_du_second_degr%C3%A9#Historique
http://www.lyc-privat.ac-aix-marseille.fr/spip/IMG/pdf/histoiredesequations.pdf

Quelques réflexions sur les algorithmes…

La notion d’algorithme n’est pas née avec les premiers ordinateurs mais leur est bien antérieure, remontant à l’Antiquité. Dans son acceptation commune, un algorithme est une suite d’instructions, une « recette », permettant d’obtenir un résultat prédéfini. Il est synonyme de méthode systématique, c’est-à-dire permettant d’aboutir de manière certaine (donc avec un nombre fini d’opérations). A ce titre, une recette de cuisine constitue un algorithme (et certains sont très doués pour rater systématiquement celle de la mayonnaise :-)) tout comme la partition jouée par un orgue de Barbarie lisant des cartons perforés.

EuclideDes exemples de telles méthodes systématiques sont le crible d’Eratosthène qui permet de déterminer à coup sûr les nombres premiers inférieurs à un entier N donné (N ne doit évidemment pas être trop grand pour que l’algorithme aboutisse dans un temps raisonnable) ou encore l’algorithme d’Euclide. L’algorithme d’Euclide (ci-contre), qui permet de trouver le PGCD de deux nombres entiers, est remarquable dans le sens où il est bien plus rapide que l’algorithme des soustractions successives, qui paraît être une méthode plus « naturelle », à laquelle on peut penser de prime abord.

Mais la notion d’algorithme est de nos jours indissociable de l’ordinateur, cet ogre des temps modernes qui s’en paisse sans jamais en être rassasié. A ce propos, le mot informatique provient, faut-il le rappeler, de la contraction d’information et automatique, ce qui en constitue une remarquable définition, que les Anglo-Saxons nous envient. Puisque les traitements que réalise la science informatique sont automatiques, ils s’appuient obligatoirement sur des algorithmes qui peuvent être aussi simples que faire des additions et des soustractions dans le cas des caisses enregistreuses (avec souvent cependant un raffinement supplémentaire : la génération de bons fidélités valables pour un montant d’achat légèrement supérieur à l’habituel :-)) ou d’une grande complexité quand il s’agit par exemple de traiter les milliards de données issues de collisions au sein d’accélérateurs de particules.

La rapidité d’un algorithme est un facteur important dans bien des cas de figure. Elle est liée à la notion de temps réel. Par exemple, le système informatique qui gère le passage des usagers à l’entrée et à la sortie des stations de métro en fonction notamment de la carte des zones doit rendre son verdict en à peine plus d’une seconde pour assurer la fluidité du flux des voyageurs (une attente d’une minute serait totalement inacceptable, provoquant des embouteillages monstres chaque matin). Dans le même ordre d’idées mais à une échelle temporelle différente, les ordinateurs qui prévoient la météo du lendemain ne peuvent se permettre une semaine de calcul (dans ce cas, les ingénieurs ajustent les modèles prévisionnels en fonction de la puissance des machines pour être certain d’aboutir en temps et en heure).

Pour être rapide, un algorithme doit être pertinent, autrement dit, il se doit d’être optimisé. Prenons l’exemple du jeu d’échec. Alors que l’être humain s’appuie sur son expérience et son intuition (cette dernière étant bien souvent de l’expérience inconsciente), la machine va tester un grand nombre de coups à l’avance en misant sur sa puissance de calcul pour tenter de rivaliser avec l’homme. Le nombre de coups possibles croissant exponentiellement, les calculs sont optimisés en élaguant les branches menant à des situations sans intérêt pour la victoire, ou estimées telles. Ces optimisations, combinées avec les vitesses de traitement toujours plus grandes, ont permis de rivaliser avec les grands maîtres internationaux puis, au début de ce siècle, d’arriver à systématiquement les mettre en échec.

Ce dernier exemple montre que les méthodes mises en œuvre dans les algorithmes peuvent être fort différentes de celles développées par un esprit humain, même si, au final, les algorithmes sont (encore !) pensés par des hommes. Si l’on pousse la réflexion un peu plus loin, ne pourrait-on pas considérer que la vie elle-même n’est au final qu’un algorithme, une suite de commandes codées dans l’ADN, dont la finalité est de se reproduire, à l’échelle moléculaire mais aussi à l’échelle macroscopique, celle des êtres vivants ? Les abeilles suivent bien depuis des millénaires une logique optimisée à l’extrême dont le but final est tout bonnement d’assurer la pérennité de la ruche. Et nous les humains, sommes-nous programmés pour rechercher le bonheur, trouver l’âme sœur et nous reproduire pour assurer la pérennité de notre espèce ? Quid du libre arbitre alors ?

 

y = 3√[(16-x^2)/(2x+17)] et y = -3√[(16-x^2)/(2x+17)] qu’est-ce que c’est ?

func

qu’est-ce que c’est ?

 

Voilà une drôle de question ! Commençons par étudier les deux fonctions associées.

funcOn nous dit que l’ensemble de définition pour ces deux fonctions est ]-∞ ;-17/2[ U [-4 ;4] et que les tableaux de variations sont respectivement ceux représentés ci-contre (on y retrouve bien les différences, sous forme de « symétries », dues au signe moins).

Mais le mystère demeure entier ! Jetons un coup d’œil à chaque courbe.

func

 

Elles sont bien conformes aux tableaux de variations précédents. On pourra notamment remarquer les tangentes horizontales (et on retrouve la symétrie déjà observée).

 

 

 

 

Concentrons-nous sur les portions de l’intervalle [-4 ;4] et réunissons les sur une seule figure.

func6

Puis ajoutons quelques couleurs.

func7

Joyeuses Pâques !

Source: http://www.mathematische-basteleien.de/eggcurves.htm